Un jour tu te réveilles d’un rêve qui transpire le cauchemar tant  sa sueur chaude nappe encore ta peau et voile ton esprit. Un rien ébloui par une lumière blanche et froide, tu fronces les paupières. Sur l’instant tu ne reconnais pas l’environnement dans lequel tu émerges. Alors, par réaction, tu ne bouges pas.  A part les yeux, qui balayent l’espace, tu ne bouges pas. Tu ne te demandes même pas ce qui s’est passé. Tu es juste vivant. Vivant et figé dans un lieu dont tu ignores tout ou presque. Tu es bien dans une chambre, mais ce n’est pas ta chambre, pas ton lit. Et même ce silence n’a pas l’odeur de tes silences.

Lentement tu prends conscience que ce n’était pas un rêve. Tu es réellement passé au bord de la catastrophe. D’ailleurs n’es-tu passé qu’au bord ? N’as-tu simplement que senti tes pieds glisser sur les pierres instables du ras de la falaise, ou es-tu tombé ? Tombé l’espace d’un instant ou d’une éternité de l’autre côté ? Tombé dans le vide et l’inconnu. Tombé dans une chute vertigineuse vers où on ne revient jamais.  Et pourtant, tu es là, couché dans cette chambre, vivant. Seul  mais vivant.

Un jour peut-être raconteras-tu ton histoire ou peut-être pas. Quelle importance ? Tu as frôlé la mort. La mort. Le mot ne t’a jamais fait peur. Le mot non, mais sa présence ? D’ailleurs tu ne l’as pas que frôlée. Elle t’a retenu. Tu t’es laissé enlacer avant de la  repousser. Tu as même lâché prise comme si écrasé sous des mètres d’eaux, tu ne parvenais plus à te battre en apnée… et puis, on ne sait par quel miracle, tu as réussi à nager jusqu’à cette lumière qui brillait à la surface. Et là enfin, entre deux étouffements, tu es parvenu à reprendre ton souffle.

Ces images ne sont pas des images justes pour illustrer mon propos mais les vraies images dont je me souviens. Non, je n’en parlerai pas. Qui pourrait croire  à mon étrange voyage?

Williams Franceschi

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