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Ainsi va la Vie… épisode n°54… UNE HEURE A PERDRE…

 

Cette semaine je vous l’ai fait un peu longue ; j’espère néanmoins vous tenir éveillé jusqu’à la dernière ligne !

 

12562534_461880820681983_537049674_o (2).jpgDix heures, Aix en Provence cours Mirabeau seul devant ma tasse à la terrasse de la Bastide. Le soleil éclaire la ville d’une lumière froide de fin d’automne alors que nous sommes au printemps. Je ne me suis pas installé à cette terrasse par hasard. J’avais l’habitude d’y retrouver une amie les jours de marché. Une amie comme on en rencontre peu. Une mère courage qui mériterait plus que tout autre   pour l’exemple et pour que son histoire ne sombre pas dans l’oubli que je lui rédige un jour sa biographie. Une très belle personne qui me manque.

 

Les gens passent et repassent. Ils ne se promènent pas ils marchent. Vers quel but ? Allez savoir on peut tout imaginer.

Je suis convié à 11h à participer à une conférence de presse. Comme d’hab Je suis en avance. Je suis toujours en avance. J’ai horreur d’arriver à la bourre, de me faire remarquer parmi les derniers clampins  qui cherchent une éventuelle  place assise.

Cette avance perpétuelle je l’ai toujours eu et j’ai du mal à comprendre qu’on puisse arriver à un rendez-vous, n’importe quel rendez-vous, avec cette odeur corporelle de transpiration due au stress et ce visage rougi par les derniers cent mètres.

 

 Quand je faisais de la scène, que ce soit pour la balance ou le début du spectacle, on pouvait me trouver dans les coulisses ou  au café du coin bien longtemps avant l’heure fatidique. Dans les coulisses c’était l’occasion d’échanger quelques mots ou de longues discussions avec le personnel pour qui j’ai toujours eu le plus profond respect ; du pompier à l’ouvreuse en passant par l’éclairagiste ou le régisseur.

Vous dire que je parlais serait un peu exagéré, à vrai dire je posais des questions et puis, religieusement, je les écoutais me répondre et redonner vie à des artistes dont les fantômes hantaient encore les cintres de certains théâtres. Leurs souvenirs me furent d’une grande aide dans l’apprentissage de ce métier et de la vie en général. J’étais avide de tout connaître et pas seulement à travers les journaux. C’est ainsi que si certaines images furent écornées par des témoignages peu flatteurs d’autres au contraire élevèrent encore  plus haut l’admiration que je  portais déjà à certains artistes. Et s’il fallait n’en citer qu’un ; qui par sa gentillesse, son humilité et ses petits gestes faisait l’unanimité où que je passe ; s’il fallait n’en citer qu’un dont le nom revenait sur toutes les lèvres précédé de Monsieur, avec un Aime Majuscule, ce serait ; Monsieur Bourvil…      On ne perd jamais son temps en arrivant en avance.

 

 Dans une chanson que j’avais écrite pour Margaux j’exprimais ce petit truc sur mon avance. Vous en voulez quelques vers ?   

 

Je suis venu bien avant l’heure

Pour m’imprégner de cette odeur

Me rassurer prendre le temps

M’assoir dans les premiers fauteuils

Et je l’avoue avec orgueil

Avoir pensé à mes parents

 

Encore un brin de maquillage

Pour entrer dans mon personnage

L’envers de moi dans le miroir

Entre la brume et le mirage

Je me découvre le visage

De celle que je serai ce soir

 

Refrain :

La scène, les chansons le public

C’est le ciel de ma vie

La scène, les chansons la musique

C’est tout ce que je suis

.........

 

J’avais rencontré Margaux lors d’une tournée d’été en 1995 avec C Jérôme. C Jérôme la gentillesse incarnée, nous avions vécu à peu près les mêmes galères dans le même  Saint Germain des Près presque au même âge ; ça rapproche. Margaux, qui a totalement disparu des scènes aujourd’hui et c’est bien regrettable, avait une magnifique voix et surtout un tube signé Didier Barbelivien « Et toute la ville en parle » repris depuis par Michèle Torr. Si Margaux avait beaucoup aimé ma chanson, ce sont ces propres mots, la production me préféra d’autres confrères et son second Album, dont je fus absent évidement,   qui s’intitulait « Merci »  fit un énorme bide. Je n’y suis pour rien, ça va de soi  et elle non plus d’ailleurs.

 

Vous avez vu comme une idée qu’on développe peut en enclencher une autre ? Alors procédons avec méthode, une pincée de rigueur  et  revenons sur le cours Mirabeau.

 

J’ai une bonne heure à perdre. C’est l’occasion de me poser sans culpabiliser. C’est drôle je n’arrive pas à ne rien faire sans me le reprocher. Là, si je m’écoutais je demanderais du papier, le stylo je l’ai, pour prendre des notes…  Les gens passent et repassent, je les observe ; pas qu’eux d’ailleurs. J’observe aussi les clients, les garçons, tout ce monde qui grouille, qui travaille, qui attend, qui bouge, qui vit ou qui subit. Sont-ils ma source d’inspiration ? Pour une micro-partie certainement.

 

Une jeune femme a ralenti son pas, elle baisse les yeux pour regarder ses pieds, puis relève son nez vers le ciel. Elle fait la moue étonnée de quelqu’un qui a oublié quelque chose. Elle sort un portable de son sac, le consulte furtivement puis l’éteint et le range dans la poche de sa veste peut-être pour que la sonnerie ou les vibrations lui soient plus perceptibles. J’imagine qu’il ne lui a pas laissé le message attendu. Elle repart après cet intermède le visage fermé tout en remontant derrière son oreille  une mèche rebelle. La vie suit son cour et elle, suit le cours Mirabeau d’un pas plus décidé qu’à son arrivée.

 

Un motard monte avec sa moto sur le trottoir. Il perturbe le flot des passants comme un rocher détourne l’eau au milieu du courant vif d’une rivière. Il perturbe le flot. Les passants sont contraints de le contourner mais il s’en fout. Il finit par garer son engin, retire son casque et attend debout à côté de sa monture stoïque. S’il avait rendez-vous avec la jeune femme au téléphone c’est loupé. De peu mais c’est loupé.

 

Mon café refroidit. A mon tour comme un tic malsain je consulte mon portable ; ce fil à la patte dont il semblerait qu’on ne puisse plus se passer m’irrite mais en bon mouton de Panurge j’agis comme les autres. J’ai trois messages, deux SMS et une palanquée de commentaires sur divers posts Facebook. Je regarderai ça en rentrant sinon je vais me sentir obligé de répondre et avec mes gros doigts sur ce minuscule clavier c’est pas top !

 

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Parce que j’ai vu qu’elle m’avait envoyé un message auquel je risque de me laisser tenter de répondre malgré mes résolutions ;  je pense à Chrystelle qui vient de quitter son rôle récurant dans la série tv dont elle était un pilier. Elle a eu beaucoup de courage mais quel dommage. Elle va rebondir c’est évident mais en attendant… J’aime beaucoup la femme et l’actrice.  Je comprends que le public s’y soit autant attaché. Le : « Cette femme a quelque chose… » « Elle dégage quelque chose d’incroyable… » Ou « Je l’adore… » En parlant d’elle sont devenus au-delà des compliments ;  un leitmotiv. Ils l’aiment parce qu’elle est vraie ! Dans la vie comme à l’écran et le public qui ne se trompe jamais  ressent cette sincérité comme une évidence.

 

Je referme mon téléphone,  deux américaines dévorent des pizzas en marchant. Comment je sais qu’elles sont américaines ? Un visage d’ange et un corps de bibendum. Elles sont du signe Gastrologique Coca ascendant Hamburger. Non je ne me moque pas. J’ai des amies qui souffrent de surcharges pondérales et c’est bien difficile à vivre ; mais la !  L’oncle Sam a du souci à se faire. Son peuple en général et les femmes en particulier sont bien loin de l’image cinématographique qui a fait rêver des générations de petites françaises. Dommage.

 

Petit attroupement qui se dilue lentement et en ordre dispersé. Ça c’est des Pokémons. Un gros lâché de Pokémons. Mais des vrais ; avec des cheveux noirs, des yeux bridés, des vêtements inspirés de leurs propres mangas et surtout  avec leurs appareils photos. Appareils photos à la main, en bandoulière, autour du cou ou au bout d’une perche. Il photographie tout. Mais qu’est-ce qu’ils en font de toutes ces photos ? Il doit leur falloir un nouveau mois de congés rien que pour les visionner. Ils photographient tout ; la terrasse, les clients, les tasses de café, le café dans la tasse, la cuillère dans le café sans oublier un selfie pour être sûr qu’ils y étaient. Mais qu’est-ce qu’ils sont courtois ces enfants du soleil levant !  

 

Une très belle femme blonde drapée d’un large foulard de soie rouge chamarré pénètre sur la terrasse. Elle balaie  d’un mouvement de tête et d’un regard que je ne devine pas derrière ses lunettes noires l’ensemble des clients.  Elle sourit puis  se dirige sans hésitation droit vers ma table légèrement en retrait. Elle pose son sac sur la chaise en face de la mienne et approche son visage à quelques centimètres du mien.

Ha  Non ! Pour ceux qui ont suivi le précédent épisode, non ! Elle va ne pas me rouler une pelle ?...

Mais non. Elle s’est juste approchée de très près pour me murmurer au milieu de ce brouhaha les raisons de sa présence…Ouf ! Quoi que…

 

Elle se présente et me demande si je vais à la conférence. Je l’écoute, mais je suis sous le charme. Elle est belle, très belle et elle le sait. Les femmes savent pertinemment l’effet qu’elles font même si elles mentent gentiment  le contraire.  Elle est coiffée comme Charlize Théron dans la pub de Dior, elle a les yeux presque aussi verts que mon amie Odile Schmitt et sous l’ourlet de ses lèvres rouges et pulpeuses le blanc étincelant de ses dents renforcent encore l’éclat de son sourire. Et pour couronner le tout ; elle exhale avec délicatesse un Chanel n°5. Elle ponctue ses phrases courtes de petits sourires qui font apparaitre une fossette sur sa joue droite, un joli petit plus. Je pourrais vous en faire un chapitre mais je vous passe la multitude de détails qui se figent dans mon esprit.

 

Je suis presque sûr de ne pas être son type d’homme, d’ailleurs la question ne se pose pas puisque malgré tout ce qu’elle dégage et son coté ; tout droit échappée des pages glacées d’un magazine de mode, elle n’est pas mon type de femme. Sans tomber dans l’autre extrême, au même titre que je ne classifie pas une chanteuse uniquement à sa puissance vocale, je n’accorde pas une importance primordiale à la beauté. Seuls le charme, le feeling et ce petit truc en plus totalement indéfinissable me font craquer. N’empêche que…  

 

Les passants continuent de passer et nous prenons ensemble le flot en marche vers cette conférence de presse…

C’est marrant j’ai l’impression que de tout ce texte vous n’allez retenir que le dernier paragraphe… si vous avez quelques minutes à perdre reprenez la lecture depuis le début y’a des passages sympa que l’apparition cette belle bonde vous a peut-être fait oublier…

 

Ainsi va la vie…

 

(A suivre...)

Je vous embrasse

Williams

 

Et quelques photos d'amis....

Valérie... Isa... Sophie... Marie ... Muriel... Maryline... Anny... Paul... Florence...

 

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22/04/2017
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